Valorisation d’entreprise : Choisir entre EBITDA et EBIT

15 avril 2024

Le choix de l’indicateur financier est une étape cruciale dans l’évaluation d’une entreprise par la méthode des multiples. Si l’EBITDA est un choix populaire, il est important de saisir la différence entre l’EBITDA et l’EBIT.

Le multiple d’EBITDA, un indicateur neutre et fiable

Dans cette approche, la valeur de l’entreprise est déterminée en fonction de son Excédent Brut d’Exploitation avant amortissements (EBITDA), c’est-à-dire sa capacité à générer du profit avant la prise en compte des amortissements. Ce multiple permet de comparer des entreprises de manière objective, sur la base de leurs performances opérationnelles réelles, sans impact des choix comptables liés aux amortissements.

L’EBITDA est privilégié, car il évite les distorsions liées à la stratégie d’investissement ou de désinvestissement de l’entreprise, ainsi que de la durée d’amortissement des charges incorporelles et corporelles de l’actif immobilisé. Cette neutralité est particulièrement importante dans les secteurs où les amortissements et les provisions sont particulièrement élevés, comme les télécoms ou l’industrie lourde.

Néanmoins, cette méthode présente trois inconvénients majeurs :

  • l’EBITDA est utilisé après retraitement des éléments exceptionnels, ce qui permet d’exclure des événements exceptionnels (non récurrents) de la performance opérationnelle ;
  • dans la mesure où il ne tient pas compte des investissements, de la structure du capital et les éléments, l’EBITDA doit être combiné avec d’autres indicateurs pour obtenir une vision complète de la santé financière d’une entreprise ;
  • une survalorisation est à craindre si l’EBIT d’une entreprise est nul ou négatif.

 

Le multiple d’EBIT, un indicateur plus complet mais plus délicat à analyser

L’EBIT permet d’estimer la valeur d’une entreprise en fonction de sa rentabilité d’exploitation, à savoir sa capacité à générer du profit avant charges financières et impôts. Cet indicateur est plus précis que le profit net, car il exclut les éléments non récurrents et les charges non décaissables. En outre, l’EBIT prend en compte l’intensité capitalistique (autrement dit la charge des investissements nécessaires), ce qui donne le rend plus pertinent pour mettre en concurrence des entreprises de différents secteurs.

Cependant, il est plus complexe à analyser, car il est influencé par plusieurs facteurs :

  • la politique d’investissement ou de désinvestissement de la société (acquisitions ou cessions d’actifs),
  • le choix de la durée et du taux d’amortissement des immobilisations,
  • la valeur du goodwill (écart d’acquisition),
  • les provisions constituées ou reprises sur les actifs (courants et non courants).

 

Par ailleurs, cet indicateur peut être biaisé si les sociétés appliquent des stratégies d’investissement et d’amortissement qui diffèrent significativement. L’accompagnement d’un professionnel en valorisation d’entreprise est recommandé pour cet exercice essentiel, mais délicat.

En conclusion

La valorisation d’entreprise basée sur le multiple d’EBITDA s’impose en cas de disparité très marquée des politiques d’investissement et méthodes d’amortissement des entreprises à comparer. Cet agrégat, en s’affranchissant de ces aspects, permet de se focaliser sur la performance purement opérationnelle.